lundi 25 juin 2007

Freak show et control freaks

Très souvent, le live des émissions Endemol est soumis à des interruptions sonores accompagnées de ce bandeau déroulant: "Coupure nécessitée par le contrôle éditorial".
Contrôle éditorial. Magnifique expression, tellement révélatrice... Les programmes comme le Loft ou SS sont vendus comme étant de "magnifiques expériences de vie", avec de vraies gens et de vraies morceaux d'existence à l'intérieur, mais le fourgueur en chef n'hésite pas, au vu et au su de tous, à montrer que même cette tranche de vie nécessite, donc, un formatage appliqué en temps réel, un filtrage, un édulcorage, bref une censure, pour que tout ça reste dans les clous. Magnifique parabole des temps présents, où même le plus inepte des divertissements nécessite, pour être packagé, distribué et rentabilisé, une encadrement totalitaire qui ne se cache même plus.

Sauf que. Parfois, à trop vouloir en faire, ou pas assez, on ne maitrise pas tout autant qu'on le voudrait.
Prenons cette chère Angie, par exemple. Alors que les premiers audimats ne sont pas géniaux, que la grande presse télé hebdo fait semblant de faire la fine bouche (mais arrivera bien à sa petite centaine de couvertures d'ici la fin août, désert estival oblige), notre vaillant petit soldat s'en va encore et toujours batailler sur le front de la promo en soutenant mordicus, juré craché, sans rire, sans mytho, que, oui oui, SS est bien "un programme familial".
Bien sûr, la présence dans le casting fille de 4 ou 5 radasses qu'on croirait échappées des pires rades de Pigalle atteste d'emblée de la grande qualité conviviale du programme. Même constat chez les mecs, avec un bel assemblage de michetons et de veaux reproducteurs.
"Familial" mon cul, c'est bel et bien le fion qui est visé. C'est bien le dérapage, c'est bien l'enfilade dans la piscine qui est ardemment désiré, programmé, attendu, quand on réunit une telle brochette de freaks.
Mais ces choses là ne peuvent se dire: on fournit un programme, après tout, à une chaîne où les annonceurs règnent en maîtres. D'où ce cache-sexe honteux, ce "contrôle éditorial" péteux qui, de façon finalement décevante, prouve que, comme à l'accoutumée et à la différence de ses cousines en Europe, Endemol France n'assume pas son propre programme et sa propre trashitude.

De même, difficile de vendre une resucée du Loft sous l'emballage du mystère à l'âge du tout-Internet et de Google omniscient. Le prime de samedi n'était pas encore fini que tous les pseudo-secrets des candidats étaient déjà éventés. Ce matin, les fora et les autres blogs grouillent de clips Dailymotion ou de liens vers Myspace, ou de scans de mags de fesse exposant les méfaits plus ou moins récents de tel gigolo tatoué batifolant au bord de la piscine, ou de telle génisse remuant des miches sur la table du salon.
Bien sûr, Angie n'ignorait rien de tout cela et tablait forcément sur une déferlante de skybloggueurs dès le premier soir. Mais bon, du coup même ce calcul par la bande ne produit pas forcément les effets escomptés, car en rajoutant du pseudo-mystère sur de la pseudo-vie, on n'arrive qu'à une chose: perdre son propre public. De fait, depuis la fin du prime, c'est l'égarement dans le public de SS.
"Sortiront-ils une fois que leur secret est dévoilé ?", "Les triplées vont-elles gicler sitôt qu'elles seront démasquées ?", etc... Et voilà, ça cafouille. A force de tortiller pour nous refaire un Loft, à force de communiquer sur le secret et le double-entendre, il est perdu, le fan de Pernaud. Il s'imaginait réellement se retrouver face à un Colombo par voie de Loana.

Difficile enfin d'appeler aux votes du public, difficile de faire croire au moindre enjeu dans ce jeu tant, dès la fin du prime, il était évident que SS sera remporté par le petit trans, si "plein de courage". Pathos à la mode Bouygues (comprendre: à la truelle), petite gueule d'écorché vif, bio et environnement socio-crades: n'en jetez plus, les sceaux de chaudes larmes sont déjà pleins.

Entre ce contrôle éditorial qui va trop loin ou pas assez, et cette promo continuellement érigée en démo de méthode Coué, il y a déjà du mou dans la corde à noeuds.

samedi 23 juin 2007

Peut-être l'avez-vous mis à l'envers ?


Beeen mon salaud. Oui, trois fois oui, Angie s'est lâchée.
Un(e) escort girl/boy, un trans, une playmate, une naturiste, et pas moins de deux strip-teasers (celui qui vit avec sa moman et celui ou celle qui est aussi flic). Si ça c'est pas de la sélection de bestiaux top niveau. Si ça c'est pas notre petite Angie qui a taffé comme une malade et s'est montrée fidèle à sa réputation. Dieu merci, certaines choses ne se perdront jamais. Même si l'émission est contruite sur le mensonge et le faux-semblant, au moins notre productrice favorite, telle qu'en elle-même, reste fidèle à ce qu'on aime chez elle et à ce que nous supputions en ces lieux il y a quelques heures à peine.
Du doigté dans le casting (surtout dans son versant social), une vision juste et équilibrée de la promotion sociale, une éloge mesurée du fric, une conception de la femme et de la féminité très progressiste, une promotion de la masculinité très moderne elle aussi - bref, du Angie au top du top.
Et dire que certains doutaient de ce nouveau Loft, surtout en souvenir du deuxième. Hommes de peu de foi...

Et à part ça ?
On va peut-être laisser tout ça mijoter une petite nuit avant d'en tirer les premières conclusions. Mais d'ores et déjà, on peut s'amuser à relever quelques traits saillants ou amusants.
Le coup des triplées échangistes, par exemple, est très bien vu, et d'autant plus redoutable que: 1) la plupart des pouffes de luxe retenues dans le cheptel ne peuvent que prendre pour des connes ces trois ploucasses à l'accent audois à couper au couteau, et ne risquent donc pas de porter la moindre attention aux différences de tatouage sur l'épaule;
2) les trois donzelles semblent super bien maitriser le stratagème sans l'aide de la prod (ça sent effectivement le vécu);
3) la formule des bi ou tri-zygotes a elle aussi sans doute été largement éprouvée dans les éditions étrangères de SS.

On a bien aimé aussi le profil de la grande gigue blonde de Montpellier (sans doute la naturiste du lot, en provenance directe du Cap d'Agde).
Pour bien planter le décor, d'entrée démission, on nous la présente au boulot: vendeuse de sex-toys, affairée à trier ses gels, DVD et vibros bien étalés sur le comptoir de sa gentille boutique. Normal, le job. Normal, ce choix-là. La Angie's touch, on vous dit.
D'ailleurs, on chope au vol la nana au téléphone, en train d'expliquer à une cliente paumée comment fonctionnent les boules de geisha. Ou en train de sermoner un pauvre trouduc sur l'usage du gode: "Peut-être l'avez-vous mis à l'envers ?" [voix blasée].
Mwahahahaha. Elle est bien bonne, celle-là. Première phrase culte de SS. Qui résume parfaitement le concept du programme: à l'endroit-à l'envers, le vrai et le faux sont réversibles, etc.
Pour les plus fragiles du casting, on espère, du coup, que le passage dans SS ne leur fera pas tout aussi mal au fondement.

Du beurre dans les cheveux


Le Loft revient. Et avec lui, sans doute, son avalanche de couvertures criardes, de proto-scandales, d'éditos faussement outrés, de unes complaisantes - bref, dans façon assez idéale en pleine catatonie estivale française, l'émission-phénomène du PAF des années 00's revient rallumer la mèche de la riltivi dans sa version la plus polémique. Ou du moins espère la rallumer.

Et qui nous la tend (la mèche, je précise tout de suite) ? Angie.
Sacrée Angie. Personnage peu connu du lectorat de Télé Star, et pourtant assez incontournable dans le monde merveilleux de la télé de haut niveau. Elle était aux manettes des deux premiers lofts, de "Greg le Millionnaire" et de "Mon incroyable fiancé", et cette fois-ci elle revient avec Secret Story (SS). Beau pédigré, on l'admettra. Angie a cette capacité à mouliner les concepts, à humer le fumet du temps et à démouler les succès qui confine au don paranormal.
Alors quand elle promet que SS sera une version du Loft ultra maitrisée, carrée, kinétique, fun, et sexy, on la croit sans trop barguigner.

Il suffit de reprendre ses récentes interviews et de s'attarder sur ses photos perso. Dès le premier loft, on avait repéré son petit air chafouin, cette paupière frétillante, cet oeil vif et ce fond de teint léger. Dès le début, on s'était dit qu'avec Angie, le PAF retrouvait enfin une de ces grandes chatelaines de la production télé, au bon goût revendiqué et à la sensibilité néo-lamartinienne.
Et c'est vrai, d'emblée, via ce look voluptueux, cette joaillerie discrète, cette coupe de cheveux étudiée, et ce phrasé chantant, on a senti la grande dame apprétée, prête à vrai dire, et motivée en peu de mots. La fonceuse. La winneuse. Mais au sens noble du terme, attention.

Alors quand elle promet un Loft upgradé, remis au goût du jour pour mieux coller à l'air du temps, il n'y a plus qu'à se laisser guider par l'invitation. Faire confiance à ce flair inné et ce nez fin. Quand elle explique qu'à la base de SS, il y a "une écriture télévisuelle qui se renouvelle", on s'abandonne dans ses bras. Pourquoi douter ?
Les profils psychotiques retenus pour le premier Loft ? Les leçons ont été apprises.
Le casting de pouffiasses certifiées du second Loft, ostensiblement exibées alors qu'on assure produire un spectacle tout aussi familial que les "Z'amours" ? La sélection a été affinée, on vous dit.
Le défilé de semi-putes entraperçu dans "Greg" ? Le propos n'est plus le même, bien entendu.
Le script mongoloïde de "Mon incroyable fiancé" ? Rhaaa, ça suffit maintenant !

Alors moi je dis banco ! Fonce, Angie. N'écoute pas les autres. S'il n'y a qu'une personne à écouter, c'est bien toi. Libère toi. Suis ton instinct. Laisse parler tes goûts, et surtout, surtout, ne te bride pas.
Quand tu promets un casting jeune, cool, fresh, hip, zip, etc., on te fait confiance. Quand on imagine les secrets dont ils sont porteurs, on reste rêveur et on loue une nouvelle fois le concept de culture générale. Quand tu parles du mobilier et évoques un "aménagement contemporain", on n'imagine personne capable de questionner ton expertise en décoration.
Go, Angie, go. Avec toi aux commandes, SS s'annonce comme un véritable feu d'artifice. A vrai dire, on s'en pourlèche d'avance.